A l’occasion du 50e anniversaire de la mort de Jean Giono, les éditions La Thébaïde font reparaître Le Pain d'étoiles - Giono au Contadour d’Alfred Campozet.
Ce livre est un témoignage «à hauteur d’homme» d’un maçon poète, ami méconnu de Giono. La première édition du vivant de l'auteur, datait de 1980 chez Fanlac.
Pour les anciens du Contadour et les spécialistes de Giono, cet ouvrage demeure le témoignage le plus juste.
Cette édition est augmentée d’un avant-propos de la fille de Jean Giono, Sylvie Durbet-Giono, d’un supplément sur le Contadour et les Cahiers du Contadour réalisé par Emmanuel Bluteau et d’un cahier de 16 pages regroupant 48 documents d'époques dont des photos.
Le Pain d’étoiles, Giono au Contadour par Alfred Campozet
D’avoir mangé le pain d’étoiles vient sans doute mon incapacité à écrire du Contadour avec la sérénité d’un historien. Que le vent du plateau emporte fiches, notes et plans. Je n’ai d’autres documents que quelques vieilles lettres, des photos jaunies, le souvenir resté vivant dans mon coeur.[...]
Il est sans doute inutile d’ajouter que ces pages se veulent témoignage, ne seront pas pour autant impartiales. On ne peut pas être impartial en parlant de ce qu’on aime ou de ce qu’on a aimé avec passion. Je dois trop à Giono, je dois trop au Contadour. Je serai résolument partial.
Alfred Campozet
Avant-propos de Sylvie Durbet-Giono
Supplément sur le Contadour et les «Cahiers du Contadour» d’Emmanuel Bluteau
Alfred est resté, avec quelques-uns, comme Lucien Jacques ou Jean Bouvet, un des piliers sympathiques de cette aventure contadourienne. « Alfred le bâtisseur », celui qui, de ses mains, rafistolait la toiture, réparait les murs branlants, bouchait les trous, bref rendait les deux maisons – les Graves et le Moulin – habitables.
Son nom dans notre maison du Paraïs était synonyme d’ami. Je me souviens que mes parents parlaient de lui avec tendresse et affection ; s’ils en avaient dit du mal, je n’aurais pas gardé en mémoire cet homme souriant et chaleureux, un visage ami.
Sylvie Durbet-Giono
Extrait
C’est sans doute parce que né du hasard, du plaisir d’être ensemble et de l’enchantement, c’est-à-dire de causes absolument irrationnelles que le Contadour a toujours été si difficile à définir.
Nous ne formions ni un parti, ni un groupe littéraire ou politique. Pas davantage une chapelle ou «un monastère dont Giono était l’abbé » comme l’écrivait un journaliste de l’époque. La rencontre deux fois l’an de gens que séparaient pendant le reste du temps les nécessités de la vie et du métier, ne pouvait se dire une communauté.
Des mots comme phalanstère, arche nouvelle dont on nous accablait, étaient ridicules. Plus volontiers et plus simplement, nous aurions accepté celui de «bande» (la bande à Giono, disaient les gens de Banon) pour ce que ce mot évoque de sauvage et de fraternellement inorganisé. Inorganisés, nous l’étions et entendions le rester.
L'auteur
Alfred Campozet (1910-2003), maçon et poète, est originaire de Pau. Il fait ses classes une truelle à la main.
Lecteur passionné, il arrive au 3e Contadour en septembre 1936. Sa formation le conduit à devenir le chef des chantiers pour la réfection des bâtiments.
Devenu l’ami de Lucien Jacques et de Jean Giono, il écrit dans les Cahiers du Contadour dont il assure le secrétariat. Pacifiste, il est le seul Contadourien à ne pas obéir à l’ordre de mobilisation. Il se spécialise après-guerre dans la restauration d’art et continue d’écrire.
Pour les anciens du Contadour et les spécialistes de Giono, Le Pain d’étoiles, Giono au Contadour demeure le témoignage le plus juste. Un livre à son image : personnel, chaleureux, honnête, fidèle à ses idées et surtout, poétique.