Pour commencer ce joli mois de mai, voici la chronique d'Éric Schulthess sur le dernier livre de René Frégni, Sous la ville rouge qui vient de paraître aux éditions Gallimard. (2013)
Sous la ville rouge est le dernier roman de René Frégni, l’écrivain marseillais installé à Manosque.
Un roman choc. Concis, nerveux et électrisant comme les séries d’uppercuts lancés par son héros, Charlie Hasard, un écrivain en quête d’éditeur depuis des années, qui noie son amertume et ses chagrins sur les rings d’une salle de boxe à Marseille.
Porté par sa plume lyrique et poétique, René Frégni nous entraîne sur les pas de ce Charlie désespéré, révolté et qui sombre dans la folie meurtrière dans un Marseille dépeint avec toute la lucidité et toute la tendresse du monde.
L’auteur manosquin à la quinzaine de livres a conçu son roman comme un hommage à la multitude d’auteurs maudits, passionnés d’écriture et en proie à l’indifférence des éditeurs parisiens.
Frégni n’épargne pas les maisons d’éditions de la capitale, même si c’est la plus prestigieuse d’entre elles, Gallimard, qui publie « Sous la ville rouge », son deuxième roman consécutif après « La fiancée des corbeaux ».
Attentif aux tourments des hommes comme à la beauté des paysages marseillais, René Frégni annonce la couleur. Le rouge qui teinte son roman de bout en bout est le rouge du courage et de la révolte. C’est aussi la teinte des couchers de soleil sur cette "ville noire face à la plus étonnante rade du monde" où viennent flâner les gabians, "ces oiseaux qui traversaient le ciel, survolaient les navires, les prisons, la cour des écoles, mangeaient n’importe quoi, criaient et ne jugeaient personne".
"Sous la ville rouge" se lit d’un seul trait et se savoure tel un bref combat de boxe. Comme une offrande d’espoir, tout de même. Comme une ode à l’humanité profonde de tous ceux, fussent-ils anonymes, qui ont choisi de vivre leur vie avec des mots.
par Éric Schulthess, auteur d'un livre de nouvelles Marseille rouge sangs, paru chez Paroles édition.