Que ma joie demeure de Jean Giono

Que ma joie demeure de Jean Giono

Je profite de l'occasion des prochaines Rencontres Giono 2025 pour vous parler d'un roman de Jean Giono, Que ma joie demeure.

L'association des Amis de Jean Giono organise, pour la deuxième année, un Concours de Nouvelles Jean Giono.

Pour l’année 2025 et en rapport avec le thème, Marcher... avec Giono, c'est une phrase de Que ma joie demeure de Jean Giono, qui constitue l’incipit de la nouvelle à écrire.

Cette phrase est la suivante :

"Il marcha un long moment. Il regarda derrière lui. On voyait encore la maison. Il marcha en écoutant le bruit de ses pas. Le sol était de graviers ronds. Il avait pris sa cadence des longues marches. Il ne faisait presque pas d’efforts. Ses pas allaient tout seuls."

Que ma joie demeure, Jean Giono

Alors ce concours m'a donné envie de relire ce roman et de vous le présenter.

Je trouve qu'il n'est pas simple à présenter, probablement parce que de nombreuses personnes l'ont fait avant moi. Alors simplement, vous dire que j'ai trouvé ce roman très beau. Avec de longues descriptions de la nature, des animaux, des arbres, du travail des hommes... A la lecture, je me suis vraiment sentie dans la nature, dans la vie... Il y a aussi toute une réflexion sur le sens de la vie, le travail, la joie, les petits plaisirs du quotidien... Des rencontres qui changent nos perceptions des choses...

L'histoire se déroule sur le plateau de Grémone dans les Basses Alpes (Alpes de Haute Provence). Des hommes et des femmes y vivent chichement en travaillant la terre. Ils ne sont pas malheureux mais il leur manque quelque chose.

En arrivant parmi eux, Bobi, saltimbanque et nomade, amène son désir de joie, de partage, de mise en commun. Un désir de "l'inutile". Il a "la passion de l'inutile".

Bobi remue et éveille quelque chose de profond en chacun des habitants du plateau. Il leur offre un moyen de donner libre cours à leur intérieur, à ce qui fait leur joie propre. Et chacun ouvre son cœur et "met sa joie en mouvement"...

Untel donne du blé aux oiseaux simplement pour "avoir la joie de voir le ciel rempli de vie" ! Un autre plante des narcisses pour la joie de les voir fleurir. Ils laissent vivre en liberté un cerf et des biches, des chevaux, des moutons qui pâturent...

Simplement pour la joie de la vie !

 

Un extrait

[...]

"Ne plus être tracassé par le désir de gagner", se dit Bobi.
[...]
"Moi, se dit-il, avec tout ce que j'ai passé ! Car enfin, s'il y avait des raisons au malheur, j'aurais dû être malheureux. Prudence ? Jamais prudence. Economie, ou l'avenir on pensera à ci et à ça ? Jamais. La passion pour l'inutile, se dit-il. La passion ! Inutile ? Inutile pour leur monde, mais dès qu'on sait que notre travail dans ce monde c'est faire la richesse pour les autres, est-ce que ça n'est pas précisément ça l'inutile et, si on discute, car je discute, je discute avec moi, donc si on discute, est-ce que ça n'est pas précisément l'utile tout ce qui a été ma passion ? "

 

Que ma joie demeure

Sur le rude plateau provençal de Grémone, quelques hommes peinent tristement sur leurs terres, chacun de leur côté.

Ils comprendront le message de joie et d'espérance que leur apporte le sage Bobi, vagabond au cœur généreux, et, malgré les difficultés de l'existence, la joie renaîtra sur le plateau.

Que ma joie demeure est un hymne à la vie, un chant merveilleux en l'honneur de la nature, des hommes et des animaux.

 

Jean Giono

Jean Giono (1895-1970) est l’une des figures majeures de la littérature du XXe siècle. Fils d’un cordonnier et d’une repasseuse, il est né à Manosque, qu’il n’a jamais quittée. De roman en roman, il a créé un « Sud imaginaire », à l’instar de Faulkner auquel Henry Miller a pu le comparer.

Dès la publication de Colline, en 1929, il connaît le succès. À la fois conteur et poète, nourri d’Homère et Virgile, il compose avant 1939 d’amples romans lyriques et épiques : Regain, Le Chant du monde, Que ma joie demeure. À partir de 1934, il milite pour le pacifisme intégral et publie plusieurs essais contre la guerre et la civilisation technicienne.

Après 1945, son écriture devient plus incisive, allègre et ironique, tandis que son œuvre prend une tonalité sombre et pessimiste. Elle se développe dans deux directions : le « cycle du Hussard » avec Angelo, Le Hussard sur le toit, Le Bonheur fou, Mort d’un personnage et la série des « Chroniques romanesques », avec Un roi sans divertissement, Les Âmes fortes, Le Moulin de Pologne.

Il entre à l’Académie Goncourt en 1954 et élargit sa création au cinéma, réalisant lui-même Crésus (1960). Solitaire, inclassable, en marge de tous les courants littéraires de son temps, Giono a laissé une œuvre immense, traduite en plus de quarante langues.

 

Pour aller plus loin

Vous trouverez bien entendu ce roman dans votre librairie préférée !

Les Rencontres Giono 2025 se dérouleront du 30 juillet au 3 août à Manosque et aux alentours, dans les Alpes de Haute Provence. La Remise des Prix Concours de Nouvelles Jean Giono sera samedi 2 août 2025.

 

 

 

Laisser nous votre avis... 2 commentaires

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Rémy Hatier

il y a 1 mois

Que ma joie demeure

C’est une œuvre magistrale ; mais elle est surprenante, difficile, étrange, voire énigmatique à bien des égards. Florence livre ici son ressenti de lectrice : je partage l’intégralité de son analyse, une analyse qui caresse intelligemment l’œuvre et laisse ainsi aux futures lectrices et lecteurs l’esprit ouvert et libre pour s’engager dans l’aventure.
Et puisqu’effectivement beaucoup se sont essayés à la décrypter, je me contenterai de relater les expériences vécues lors de mes lectures.
Je l’ai lue une première fois, difficilement, presque péniblement et ce malgré les envolées poétiques dont Jean Giono est capable, comme par exemple, lorsqu’il nous amène à la découverte d’un paysage ou lorsqu’il esquisse la cavalcade amoureuse d’une jument et d’un étalon. En première lecture donc, j’avoue être resté sur ma faim et m’en suis ouvert à d’autres lecteurs pour découvrir que je n’étais pas seul ! J’ai même reçu l’aveu suivant : « Ce n’est qu’à la troisième lecture que j’ai réussi à apprivoiser l’œuvre ! »
En débutant ma deuxième lecture, dès la première page et le premier dialogue entre Jourdan et sa femme Marthe, j’ai compris mon erreur : je voulais lire un roman et c’est un conte que j’avais entre les mains. Et comme tout conte, pour être apprivoisé, il demande à ce que l’on se défasse de toutes nos rigidités.
Ce conte nous emmène sur bien des chemins : ceux de la nature, de l’amitié, de l’amour, voire de l’érotisme ; il a une réelle portée humaine, sociale, politique : on est à la veille de l’avènement du Front Populaire. Enfin, Giono, celui qui a vécu la guerre de 1914-1918, celui des Récits Pacifistes, y questionne nos valeurs fondamentales ; doit-on accumuler des biens ou planter des fleurs ? Doit-on stocker du grain ou nourrir les oiseaux ? Et bien d’autres questions nous sont posées.
Il me reste, alors que pour la troisième fois je referme l’ouvrage, quelques interrogations qui resteront à jamais en suspens. Je vous les livre, en totale sincérité. Je souhaite que par l’intermédiaire de ce blog, vous n’hésitiez pas à apporter vos propres réponses.
La première est que le mot « joie » n’y est finalement que très peu prononcé ; de plus ce conte a pour moi, un goût d’inachevé. Quelle était la volonté de Jean Giono ? Voulait-il par là, nous signifier que la joie essentielle nous est inaccessible ?
La deuxième concerne le titre de l’ouvrage ; « Que MA joie demeure ! » est une phrase prononcée par Boby, personnage principal qui veut apprendre la joie aux habitants du plateau de Grémone. Pourquoi ne dit-il pas : « Que la joie demeure ! » ? Je ne peux m’empêcher d’avoir en tête le titre de la cantate de Bach : « Jésus, que ma joie demeure ! ». Jésus a disparu… Un autre message de Giono ?
Enfin, ma troisième et dernière interrogation (mais gageons qu’il y en aura d’autres quand j’achèverai une quatrième lecture…) concerne la présence des enfants dans ce conte qui met en scène des adultes, jeunes et moins jeunes, des vieillards, des animaux de tous poils, de toutes plumes ou de toutes écailles, ainsi que la nature sous toutes ses formes : froid, vent, nuages, pluie, neige, herbes, fleurs, arbres…Mais les enfants sont, à mon sens, les grands absents.
Je n’imagine pas Jean Giono, père aimant de ses enfants, « oublier » cette dimension fondamentale de l’Humanité en route : l’enfance.
Il y a donc peut-être là également pour nous, un message à méditer : les enfants sont joyeux de nature et actons que notre monde d’adultes se charge de laminer cette joie essentielle.
Le conte s’adresse donc en priorité à nous, adultes, pour que nous retrouvions le chemin de la joie et que nous puissions dire à nos enfants : « Que votre joie demeure ».

Florence Bellon

il y a 1 mois

Merci Rémy pour votre commentaire très détaillé sur le roman de Jean Giono. J'espère qu'il donnera envie à d'autres lecteurs de vous répondre et de nous partager leurs propres ressentis...

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Webmaster à l’Agence de Développement des Alpes de Haute Provence, j’ai par ailleurs une passion pour les livres et l’écriture.

Lectrice et amoureuse des Alpes de Haute Provence, j’anime ce blog sur les écrivains, les livres et l’écriture, pour faire découvrir ce beau département autrement

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