A l'occasion du cinquantenaire de la disparition de l'écrivain Jean Proal, les éditions Atlande rééditent trois ouvrages dont son recueil de nouvelles, Suite montagnarde, paru en 1948 chez Denoël.
Suite montagnarde
Applaudi à sa sortie, ce recueil a été choisi pour son originalité et sa richesse.
Tragédies campagnardes basées sur des malentendus, ces textes décrivent avec une infinie douceur une réalité rêche dans laquelle les êtres et les choses communiquent sans parole. Entre l'homme et la femme, en revanche, règne une incommunicabilité baignée d'amour et chargée du poids des interdits qu'impose la montagne.
L'ouvrage est composé de trois grandes parties, avec des textes datant de trois périodes différentes.
Malentendus, qui comme son nom l'indique, évoque l'interdit que la montagne semble imposer aux hommes et aux femmes.
De la truite au chamois, où il est question de la chasse et de la vie en montagne.
Grand moissonneur de blé de lune qui est plus sur des souvenirs d'enfance et d'adolescence.
La préface est de Anne-Marie Vidal, la présidente de l'association des Amis de Jean Proal qui œuvre pour la reconnaissance de l'écrivain Jean Proal.
Extrait de la nouvelle Fontvive.
C’était peut-être la vingtième fois que Marie-Louise posait la question, depuis le début de l'hiver. Cette fois le refus a claqué sec, si sec, si formel que Marie-Louise a levé les yeux et que Charles lui-même est resté interdit. Ils sont restés un moment immobiles, silencieux, se regardant en face.
Charles n'a même pas à peser les raisons de son refus. Elles sont en lui, aussi indistinctes mais aussi nécessaires que les battements de son cœur ou le rythme de sa respiration. Elles sont "lui", dans toute la mesure où il est cet homme de Fontvive, dessiné, sculpté, pétri par six générations de cs hommes en qui le sang et la terre se confondent.
Mais il est resté interdit devant le son de sa propre voix, comme si un autre avait répondu à sa place.
L'auteur Jean Proal
Jean Proal est né le 16 juillet 1904 à Seyne-les-Alpes. Après ses études au lycée de Digne, il travaille dans l’administration comme receveur de l’Enregistrement à Voiteur, Malaucène puis Paris.
Il démarre tôt sa carrière littéraire. Son premier roman publié, Tempête de printemps, paraît en 1932 chez Denoël, il a alors 28 ans. Il est introduit dans le monde culturel et de la critique littéraire de l’époque.
En contact avec les écrivains de son époque et encouragé par eux : Max Jacob, Cendrars, Jean Giono, Roger Martin du Gard, La Varende, Marie Mauron, Maria Borrely…
En 1950, gravement malade, il se fixe à Saint-Rémy-de-Provence, où il se lie d’amitié avec Aragon et des peintres tels : Hans Hartung, Mario Prassinos, Georges Item.
Il reçut le Grand prix du roman de la société des gens de lettres pour De sel et de cendre en 1953 et fut Premier grand prix de Provence pour l’ensemble de son œuvre en 1961.
Hospitalisé en Avignon, il y meurt le 24 février 1969.
Randonnée littéraire sur le Chemin Jean Proal à Seyne-les-Alpes
Vous découvrirez en parcourant ce chemin, le lieu de naissance de Jean Proal, dans le hameau de Sainte-Rose, à Seyne-les-Alpes, la maison et les lieux où il a passé son enfance et qui ont fondé son écriture et son amour de la montagne.
Pour en savoir plus sur cette randonnée, je vous propose de lire cet article sur le site internet du tourisme du département.
Réédition
Pour le cinquantenaire de la mort de Jean Proal, les éditions Atlande rééditent deux de ces ouvrages et un inédit :
- Où souffle la lombarde, roman
- Suite montagnarde, nouvelles
- Journal d'Al Sola, mémoires d'écrivain